You again ft Lincoln

Après une nuit agitée et un réveil dans le lit d'un presque inconnu, elle était rentrée chez elle. Elle avait rapidement réalisée qu'elle se trouvait encore à Turtle Bay. Elle supposait que c'était pour ça qu'ils avaient finis chez lui plutôt que chez elle. Cette partie de la ville était toujours très animée et elle n'eut aucun mal à trouver un taxi. Elle avait l'impression de faire the walk of shame. Tout le monde se rendait au travail et elle portait encore sa tenue de la veille. Elle était complètement décoiffée et son maquillage n'avait plus l'air de rien. Elle quitta le taxi, laissant un pourboire au chauffeur. En montant chez elle, elle croisa une voisine qui ne manqua pas de la saluer tout sourire. Il fallait qu'elle songe sérieusement à déménager. Elle prit une douche et se prépara en vitesse, rassemblant ses affaires avant de prendre la route. Elle arriva au tribunal un peu à la bourre. Elle voulait passer au bureau du procureur avant pour récupérer quelques notes mais elle n'avait plus le temps. Elle entra dans la salle d'audience juste avant le juge. Elle détestait ne pas être prête. Elle n'avait même pas eu le temps de saluer la partie adverse.  Le juge parla puis il prit la parole. Sa voix lui envoya des frissons. Fuck. L'enfoiré avait changé d'avocat et de tous les avocats à New York il avait fallu qu'il choisisse Lincoln. Il lui fallu quelques secondes pour se remettre du choc. Elle fit les requêtes habituelles pour cette audience préliminaire avant que le juge ne fasse usage de son marteau. Elle se passa une main sur le visage avant de prendre ses affaires et de quitter la salle. Elle avait encore une journée chargée. Il fallait qu'elle revoit son affaire en prenant en compte le changement d'avocat. Bien sûr il fallait qu'il l'attende à la sortie du tribunal.

Maître quelle agréable surprise.

 

Ce n'était définitivement pas sa journée. Elle s'était réveillée avec un mal de tête terrible dû à la quantité d'alcool qu'elle avait avalé la veille. Elle aurait pu partir avant que le presque inconnu ne se réveille mais elle n'arrivait pas à mettre la main sur ses chaussures. La très courte conversation qu'elle eut avec lui n'était pas aussi gênante que ce qu'elle aurait pu craindre. Elle était à la bourre. Elle n'avait pas le temps de compléter sa routine habituelle. Elle n'avait pas le temps de passer au bureau du procureur avant de se rendre au tribunal. Elle n'avait pas le temps pour un thé. Elle n'avait même pas le temps de saluer la partie adverse avant l'arrivée du juge. Elle aimait tout planifier pour ne pas être prise au dépourvue et aujourd'hui c'était le jackpot. Le presque inconnu qu'elle avait quitté ce matin, était l'avocat de la défense. Ce connard était tout sourire. Il devait apprécier la situation. C'était loin d'être son cas. Elle se reprit rapidement. Elle ne laisserait pas son travail pâtir de ses erreurs de la veille. Le juge se retira rapidement. Elle prit ses affaires et quitta la salle d'audience. Bien sûr il était là, à l'attendre. Elle le salua. Il lui sourit avec une telle arrogance avant de lui dire que ce n'était pas fait exprès.

Et moi qui pensait que j'aurais besoin d'une ordonnance de protection.

Elle lui sourit. Il lui proposa de boire un café. Il lui avait déjà fait cette proposition mais la dernière fois il était beaucoup moins habillé. Elle regarda sa montre.

Je suppose que je peux trouver quelques minutes à vous consacrer. Te consacrer. Je suppose qu'on a gagné le droit de se tutoyer.
 

Sa gueule de bois ne la quittait pas mais elle n'avait pas le temps de ralentir. Elle avait de nombreux défauts mais elle pouvait se vanter d'être professionnel. Sortir hier et boire comme elle avait bu ne l'était clairement pas. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser ses erreurs de la veille la déstabiliser. Elle se prépara donc en vitesse pour ne pas être complètement en retard au tribunal. Elle n'avait pas le temps de revoir son dossier mais ce n'était pas grave. Elle l'avait bien bosser la veille. Ce qu'elle n'avait pas prévu c'était un changement d'avocat de dernières minutes. Ce qu'elle n'avait pas prévu c'est de croiser l'homme qu'elle avait vu nu ce matin, habiller devant elle. Elle avait donc couché avec l'avocat de la défense. Bien sûr comme tous les grands avocats, il était arrogant et content de lui. Il lui proposa un café pour la deuxième fois de la journée. Elle ne voulait pas lui donner la satisfaction de la mettre mal à l'aise alors elle accepta. Ils marchèrent ensemble jusqu'au Starbuck d'à côté. Si c'était elle qui avait brisé la glace en décidant qu'ils pouvaient se tutoyer, c'est lui qui brisa le silence qui commença à s'installer. Il lui demanda si elle était célibataire et elle ne pût s'empêcher de sourire. Ils avaient coucher ensemble quelques choses comme deux fois et demie la nuit dernière et il voulait savoir si elle était célibataire. Elle ne savait pas si elle devrait être offensée par sa question. Il lui demandait si elle était infidèle. Elle décida que ça voulait juste en dire beaucoup sur lui.

-Je sais pas. Est ce que j'avais l'air célibataire cette nuit ?

Elle secoua la tête en souriant.

-Je le suis. Contrairement à toi ?

Elle montra son alliance du doigts.

-Est ce que Madame  Davis va venir crever les pneus de ma voiture. Est ce que je devrais m'inquiéter ?

 

Il était- Elle ne savait pas trop quoi en penser. Il dégageait une certaine assurance, une arrogance même. Ce qui s'était passé cette nuit ne semblait pas le déranger. Qu'ils se retrouvent adversaires juste après avoir couché ensemble ne semblait pas le mettre mal à l'aise. Il l'avait attendu pour lui proposer un café. Elle était d'abord persuadé qu'il cherchait à la déstabiliser mais après quelques minutes elle n'en était plus sûr. Elle ne savait pas ce qu'il cherchait. Elle n'arrivait pas à le lire. A bien y réfléchir, elle n'était pas certaine qu'il sache lui même ce qu'il cherchait. Il lui demanda si elle était célibataire et elle ne savait pas trop comment le prendre. Elle ne jugeait pas les personnes infidèles tant qu'elle n'était pas en couple avec mais certaines personnes le faisaient. Est ce qu'il la jugeait ? Elle clarifia les choses en lui retournant la question bien que son alliance indiquait qu'il était marié. Elle lui demanda si elle devait s’inquiéter. Elle connaissait sa femme de réputation. Elle en avait entendu parler a peu près autant qu'elle avait entendu parler de lui. Il lui répondit qu'elle n'avait pas de soucis à se faire. Ils étaient séparés. C'était récent et il n'avait pas encore penser à enlever son alliance.

Donc elle t'a largué. Désolée.

Il aurait probablement enlever la bague s'il était à l'origine de la dissolution de leur mariage. Il se serait probablement aussi trouver une issue de secours. Il n'aurait pas fini bourré dans un bar le soir de la saint valentin. Il lui dit que du coup on pouvait dire qu'il était presque célibataire. Elle lui sourit.

Presque. Mais t'es avocat donc je suppose que tu pourras accélérer les choses si tu le souhaites.

Elle lui sourit avant de commander son thé.

Peut être qu'on devrait parler d'autres choses ?


 

Elle avait vu juste. Sa femme l'avait quitté. Il lui appris qu'elle avait trouvé quelqu'un d'autre. Il n'avait pas à partager ce fait avec elle. Elle trouvait même intéressant qu'il le fasse. Il ne montrait pas vraiment ses émotions. C'était difficile de savoir ce qu'il ressentait. Sa femme était infidèle et il s'était retrouvé seul comme un con le soir de la saint valentin. Elle connaissait. Enfin oui et non c'est elle qui avait quitté son gros naze de mari. Elle lui sourit.

T'es probablement mieux sans elle.

Il lui dit qu'il était donc presque célibataire. Presque était le mot clé ici. Il était encore marié. Pas que cela ne lui pose le moindre problème. Il était adulte. Il faisait bien ce qu'il voulait. Lui et sa femme étaient tous les deux avocats. Elle supposait que ça pouvait aller vite si c'était ce qu'ils voulaient. Il n'avait pas l'air convaincu. Il devait y avoir beaucoup d'argents en jeux. Ils allaient surement se battre pour le moindre centimes. Et puis son ego en avait peut être pris un coup. Peut être qu'il voudrait la faire payer. Elle n'en avait pas entendu parler parce qu'elle n'était pas spécialement rumeurs et ragots mais le nom Davis était connu dans le milieu du droit à New York. L'infidélité de sa femme allait peut être blesser sa réputation.  Enfin elle n'était pas certaine que ça la regarde. Elle lui proposa donc de partir sur un autre sujet, sujet qu'il choisit. Il lui demanda depuis combien de temps elle travaillait au bureau du procureur. Elle sourit. Quand elle avait accepté ce café, elle se demandait quelles étaient les intentions de Lincoln. Maintenant elle savait, il n'essayait pas de la draguer ou alors il était vraiment nul.

Oh au moins 30 ans. Tu penses que j'ai quel âge ?

Elle sourit, plus tristement cette fois. Ça faisait déjà 15 ans, 16 ans cette année. Elle était contente de sa carrière et de ce qu'elle avait accompli. Mais il y a quinze ans elle avait d'autre ambition. Elle se voyait juge après quoi 10 ans passé au bureau du procureur. Se faire sa place c'était avéré plus compliqué que ce qu'elle avait imaginé. Et puis il y avait son ex mari. Ça ne l'avait pas vraiment aidé.

Je travaille au bureau du procureur depuis assez longtemps pour gagner cette affaire. Je détesterai me vanter mais tu devrais vraiment laisser tomber ton client.

 

La situation était assez étrange. Elle aurait pu être gênante, elle aurait dû l'être mais elle ne l'était pas. Ils s'étaient retrouvés l'un contre l'autre au tribunal après avoir passé la nuit ensemble. Elle avait été surprise, prise de court mais elle ne l'avait pas laissé la déstabiliser. Après l'audience il lui proposa d'aller boire le café qu'elle lui avait refusé quelques heures plus tôt. Ils se connaissaient un peu de réputation mais elle ne savait pas grand chose sur lui. Elle savait qu'il était marié et qu'il travaillait avec sa femme qui était comme lui avocate. Elle ne savait par contre pas qu'ils étaient sur le point de divorcer avant qu'il ne lui dise. Elle le jetait, probablement pour un autre. Il avait peut être des vices cachés. Après la nuit qu'ils avaient passé, elle savait que ce n'était pas pour le sexe. Peut être qu'il avait un caractère de merde, un égo surdimensionné. Peut être qu'il faisait sa crise de la cinquantaine, ou peut être que c'était sa femme. Ils changèrent de sujet avant que ça ne devienne gênant. Il lui demanda depuis combien de temps elle travaillait au bureau du procureur. Elle ne répondit pas à sa question, préférant répondre qu'elle travaillait au bureau du procureur depuis assez longtemps pour savoir qu'il allait perdre son affaire. Elle lui conseilla d'abandonner. Il le prit avec le sourire et lui dit que c'était mal le connaitre. Elle sourit à son tour quand il lui répondit qu'il aimait les challenges. Elle leva alors son verre de thé.

-Que le meilleur gagne maître.

Elle avait un dossier solide mais elle allait devoir mettre les bouchées double. Elle ne pouvait pas perdre contre lui. Elle ne savait pas pourquoi mais elle avait à présent le besoin de l'impressionner.