(Danlysses) Like Parents

Il y ce genre de journée qu’elle a en horreur Danae. En vérité, son stagiaire lui tenait encore ses cheveux alors qu’elle vomissait ses tripes dans le lavabo de l’évier. Foutue affaire. C’est tout ce qu’elle pensait. Elle refusait d’admettre l’inévitable pour ne pas être mise de côté par sa propre boite. Elle devait par-dessus tout faire en sorte que les deux petits trouvent une famille d’accueil convenable pour refaire leur vie, plutôt que d’être les esclaves des parents. Pour Danie, tout était clair, on faisait des enfants pour les aimer plus qu’on aime son mari encore pas pour les réduire à l’état de choses. Encore en chemise de nuit, pour ne pas dire nuisette avec un par-dessus imprimé avec quelques motifs floraux, elle maugréa quelques insultes. Avant d’attraper le verre d’eau tendu par son colocataire d’infortune. Elle était malade par la pression et le stress rien de plus. Pourtant, ça n’empêchait pas le jeune de la regarder avec de petits yeux suspicieux quand elle lâche un « Quoi ? Tu t’attendais à me voir le teint frais à la sortie du lit. » Froide, mais pas moins ironique, elle retourne son visage sur le thé qui l’attend sur la table. Elle n’avait définitivement pas faim. Elle maigrissait de toute façon. Et bientôt elle perdrait ses cheveux si la situation ne s’arrangeait pas plus.

Cette situation était de celle qu’elle côtoyait au quotidien, et ça lui rappelait la sombre affaire de Garance Sheaps. Sauf que cette fois, le père était l’accusé pas une victime. Elle soupire passant une main dans ses cheveux. Il est tôt, il est impossible de le nier, si bien que le soleil a du mal à peser les stores à demi ouverts de l’appartement. « On part dans une heure. Prépare-toi. » Lance-t-elle avant de se diriger vers sa chambre. Le regard azur croise un miroir dans le couloir. Elle a une vraie mauvaise mine Danae.

(...) Les yeux entre son portable professionnel et son personnel, elle attendait une réponse d’Ulysses. Sans doute entre deux consultations, comme à son habitude. Le motif, c’était de passer le voir. Eileen rentrait à la fac au mois de septembre et elle avait trouvé un appartement cosy, pas très cher et proche de la fac qui lui permettait une indépendance – comme la jeune lui avait demandé en fait – et une façon de rester près de son père et de Gawain qui revenait en général chaque week-end de la caserne. Dieu sait qu’elle ne connaissait pas le pot aux roses. Sans quoi elle serait allée chercher son neveu par le caleçon pour lui toucher de mots sur le mensonge et la confiance qui se perdent facilement. Cependant, la réponse reste en suspens, jusqu’à ce qu’elle voit l’écran s’allumer sur son bureau et un mince sourire en coin s’afficher alors qu’elle attend son rendez-vous de treize heures. Décidément, son frère état un homme occupé. OK, je prendrais au chinois avant de venir. Envoie-t-elle en retour.

(...) Elle a un classeur sous le bras quand le Uber la laisse devant l’adresse indiquée. Payer une course c’était plus pratique que de prendre le métro en heure de pointe. Matin et soir, c’était sa solution et puis le stagiaire avait les clés, alors à quoi bon s’inquiéter. S’il voulait rentrer en métro, c’était son droit propre. Mais Blondie, elle a un sac blanc dans la main, remplie pour deux. Eileen sortait et prendre pour elle était complètement inutile. La technologie l’avait clairement averti pour ne pas acheter pour quatre personnes. Cependant, Danae a le loisir de pousser la porte et de se faire accueillir par cette tempête de cheveux en bataille qui pleurait presque, car elle n’arrivait pas à les mettre en ordre. Elle eut un sourire Danae. Eileen était si jeune que ça lui faisait un petit pincement au cœur de la voir comme ça, en pleine crise, mais face à des choix adultes. La fac c’était quelque chose, même la Wilkinson s’était cherché des années durant avant de trouver la branche qui lui plaisait. Pourtant, sa nièce n’a pas le loisir de saluer son père qu’elle passe la porte, laissant sa tante complètement seule, dans une maison qui est un peu comme chez elle, mais elle y cherche parfois ses marques. Judith lui manque par moment. C’est une vérité harassante, blessante. Dieu qu’elle voudrait qu’elle soit encore là pour épauler son fils et sa fille. Mais Danae l’avait jurée le jour de ses funérailles, silencieusement, elle aurait le rôle qu’elle ne pourrait plus jouer Judith, simplement parce qu’elle lui devait bien ça. Elle soupire en se posant dans le canapé, les bras croisés sur sa poitrine. Elle réfléchissait à toute allure sur son dossier, sur la vie, sur la fac et toute autre chose.

Finalement, elle n’attend pas longtemps avant d’entendre des pas dans l’entrée. Elle se lève et s’adosse l’huisserie, regardant son frère rentrer. « Bienvenue à la maison. » C’est tout ce qu’elle arrive à lâcher, un sourire en coin, moqueur sur le visage. « Je ne t’ai pas attendu pour commencer à prendre un verre, je te sers quelques choses ? »